Nourriture et occupations: la solution face à l’anxiété de séparation ?

« Laisse lui un kong en partant! »

« Il s’ennuie, il faut qu’il s’occupe! »

Oui… Vouloir laisser à son chien de quoi s’occuper lors des absences n’est pas une mauvaise idée lorsque celui ci ne présente aucune difficulté à gérer la solitude.

Dans quels cas les occupations alimentaires peuvent-elles être utiles?

L’ennui: si les comportements problématiques sont liés à un manque d’occupations à disposition du chien pendant de longues absences.

Management: la nourriture peut servir comme moyen de gestion si c’est uniquement le moment du départ qui est problématique (FOMO) ou si vous devez aller chercher un colis 15min et que vous n’avez pas de solution de garde: le chien n’apprend rien, il est juste distrait.

Mais… utiliser de la nourriture est contre-productif quand le chien est en détresse émotionnelle

Beaucoup de chiens souffrant d’anxiété de séparation ne mangeront pas pendant une absence: leur système digestif est mis en pause car ils sont en détresse émotionnelle et en mode « survie »

Certains chiens qui ne souffrent pas d’anxiété de séparation ne mangent pas non plus quand ils sont seuls: ce n’est pas forcément un signe de détresse.


Pourquoi certains chiens qui font de l’anxiété de séparation mangent-ils quand même quand ils sont seuls?

Certains chiens souffrant d’anxiété de séparation gèrent tant qu’ils ont de la nourriture. Ils mangent et s’occupent de manière « frénétique » mais non saine/ zen. Quand leurs occupations sont terminées, ils sont rapidement en difficulté: ce n’est pas parce qu’ils mangent qu’ils sont détendus.

La nourriture marche donc comme une diversion mais n’entraine pas de réel apprentissage chez le chien: c’est un moyen de gestion et non un traitement de fond du problème

Pourquoi la nourriture ne permet-elle pas au chien de faire une association positive avec le départ de son gardien et son absence?

Quand on pratique du contre-conditionnement (associer un stimulus qui fait peur à quelque chose de super positif pour changer la perception et l’émotion du chien) il faut respecter un ordre et un timing précis:

1) Chose/ contexte qui fait peur

2) Super récompense

Si le chien voit la super récompense avant la chose/ contexte qui fait peur: la super récompense devient le prédicteur de quelque chose de négatif (backward conditioning).

Or, l’ordre des évènements pendant les départs est:

1) Gardien dépose de la nourriture

2) Gardien part

L’association positive ne sera donc pas faite car la nourriture annonce l’absence à venir. Une mauvaise association peut même se développer avec la nourriture: la nourriture annonce quelque chose de très négatif, la nourriture = négatif.

Banaliser les absences sans nourriture

La désensibilisation systématique (exposition progressive aux durées) sans contre-conditionnement (nourriture) permet au chien de banaliser, d’intégrer les informations et de progresser à son rythme.

Elle permet au chien d’associer les absences à de la relaxation, sans être distrait ou excité par de la nourriture ou des distributeurs de friandises à distance.

Attention aux conseils douteux

Combler les besoins d’un chien via de la mastication/ occupation est important mais ne suffit pas en soi à traiter le problème de fond si ce dernier est lié à une détresse

Rien ne justifie la privation de nourriture, attention au conseil « de ne nourrir le chien uniquement pendant les absences »: votre chien pourrait développer un très mauvais rapport à la nourriture (besoin primaire)

Laisser de la nourriture au chien peut vous empêcher de bien lire son langage corporel et vous induire en erreur: les durées seront trop souvent au dessus de son « seuil » de tolérance et cela peut causer des problèmes sur le long terme.

Anaïs Dethou, SA Pro Trainer

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